Édition du vendredi 11 mars 2011
Selon le rapport sur le contrôle a posteriori des actes des collectivités locales, «la mission de conseil des préfectures au profit des collectivités locales peut être estimée à environ 50% de l'activité des agents de l'État en charge du contrôle»
Selon le vingt-et-unième "Rapport du Gouvernement au Parlement sur le contrôle a posteriori des actes des collectivités locales et des établissements publics locaux, portant sur les années 2007, 2008, 2009", «le nombre dactes transmis par les collectivités locales et leurs établissements publics était de 6.347.752 au titre de lexercice 2006, a décru à 5.892.730 en 2007, a connu une forte croissance en 2008 avec 6.551.199 actes et est redescendu à 5.567.609 en 2009».
En ce qui concerne les actes des communes et des organismes assimilées aux communes (groupements, caisse des écoles, CCAS, etc.), qui représentent la part principale des ces actes (52% en 2008 et 50,5% en 2009), leur nombre a fortement chuté, passant de 3.408.171 en 2008 à 2.814.037 en 2009.
Les auteurs de ce document de 77 pages soulignent que «lévolution constatée est atypique en ce quelle fait apparaître une évolution générale constante à la baisse depuis 2004, le nombre dactes transmis se trouvant au point le plus bas en 2009; mais aussi en ce que lannée 2008 se distingue particulièrement de cette évolution en retrouvant le niveau dactes transmis de lannée 2005». Ce recul du volume des actes transmis «est la conséquence directe de la diminution de la liste des actes obligatoirement transmis au représentant de lÉtat» et il a aussi été permis «grâce à des démarches entreprises par les préfectures auprès des collectivités territoriales, qui continuaient à transmettre des actes non soumis à cette obligation».
Sagissant des différents domaines du contrôle de légalité, il est enregistré une diminution importante du nombre dactes transmis dans le domaine «des décisions de police (-40% en 2009 par rapport à 2006) et dans le domaine de la fonction publique territoriale (-15,70%) pendant la même période».
A linverse, le volume dactes transmis dans le domaine de la commande publique a fortement augmenté depuis lannée 2006 (+54,12%) et se stabilise depuis quelques années, de même que dans le domaine de lurbanisme (+28,96%).
Les principaux domaines sur lesquels portent les actes des collectivités locales soumis au contrôle de légalité sont, au titre de lexercice 2009, les décisions individuelles relatives à la gestion du personnel (23% des actes transmis), les décisions individuelles en matière durbanisme (19,81%), la commande publique (11,59%) et lexercice des pouvoirs de police (3,58%).
Comme le rappelle le rapport, «le contrôle de légalité des lois trouve son fondement dans larticle 72 de la Constitution, qui stipule que "Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de lEtat, représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois"». Le contrôle de légalité est fondé sur «trois principes:
«- une énumération limitative des actes soumis au contrôle;
«- un contrôle a posteriori portant sur la seule légalité des actes;
«- lintervention du représentant de l'État et, le cas échéant, le juge administratif.»
Au titre de lexercice 2007, «64.069 lettres dobservations ayant valeur de recours gracieux ont été émises par les services chargés du contrôle de légalité, 85.180 en 2008 et 46.498 en 2009». Le recours gracieux nest pas lunique mode de régularisation des illégalités constatées, et les préfectures utilisent de plus en plus des mécanismes souples pour inviter les collectivités locales et leurs établissements à prendre en compte leurs observations. Ainsi, «le nombre total dinterventions des préfectures pour le retrait et la modification de lacte sélève en 2009 à 124 031».
Aussi, le recours gracieux «se concentre, dans la grande majorité, sur les illégalités portant atteinte à de grands principes dont le respect est jugé prioritaire par le représentant de lEtat». Le nombre de déférés préfectoraux devant les juridictions administratives «marque une légère inflexion à la baisse»: il sest élevé à 1.034 en 2009, contre 1.373 au titre de lannée 2008 et 1.363 au titre de lannée 2007.
Le rapport précise que «le taux de retrait (pourcentage dactes retirés ou réformés) est, en moyenne, de 80% sur toute la période, lorsquun recours gracieux est introduit par le préfet, alors quil nest, en 2009, que de 56% lorsque son intervention ne revêt pas la forme du recours gracieux».
Enfin, le nombre de jugements rendus par les tribunaux administratifs sur recours des préfets «sest élevé à 780 au titre de lexercice 2007, à 756 en 2008 et à 677 en 2009», et il est observé que depuis 2004, dans 80% des cas, «le sens des décisions des tribunaux administratifs est largement favorable aux préfets», ce taux a même dépassé «les 90% pendant les années 2001-2003».
Le rapport constate aussi que «le droit applicable aux actes des collectivités territoriales est un droit en évolution constante. La jurisprudence y tient un rôle important, par sa fonction dinterprétation du droit. La doctrine administrative joue également un rôle essentiel dexplicitation de la règle de droit». Cette complexité du droit, ajoutent les auteurs, «requiert de la part des collectivités locales une capacité dexpertise juridique pointue qui peut faire défaut, notamment dans les petites collectivité».
Dans ce contexte, «la mission de conseil des services préfectoraux au profit des collectivités locales sest encore développée ces trois dernières années et peut être estimée à environ 50% de lactivité des agents de lÉtat en charge du contrôle». Cette assistance permet «dapporter une expertise juridique quant à linterprétation des textes de plus en plus nombreux (en droit interne et en droit communautaire) et complexes (par exemple en matière de marchés publics ou dintercommunalité et de lien entre les communes et les EPCI dont elles sont membres)».
Le domaine qui suscite des demandes de conseil les plus nombreuses est lintercommunalité, notamment lors des modifications statutaires des établissements publics de coopération intercommunale. Si «lactivité dassistance des préfectures auprès des collectivités territoriales, et notamment auprès des plus petites communes, joue un rôle essentiel pour la bonne application des lois et des règlements», il est indiqué que «la constitution dEPCI à fiscalité propre de taille critique, dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales, sera loccasion de renforcer la capacité dexpertise juridique de ces EPCI à fiscalité propre, ce qui devrait favoriser le positionnement des services préfectoraux sur une mission dassistance de plus haute valeur ajoutée».
Pour télécharger le rapport, utiliser le lien ci-dessous (PDF, 344 Ko).
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